Fonctions des comportements

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Chaque comportement a sa raison d’être – c’est ce qu’on appelle la fonction du comportement. Cooper, Heron et Heward (2007) suggèrent que les comportements ont quatre fonctions principales : attention, fuite, activité tangible et renforcement automatique. « Une fois que vous avez identifié la fonction ou les fonctions que remplit le comportement, vous pouvez commencer à mettre en pratique une intervention qui contribuera à réduire le comportement problématique et à favoriser des comportements plus constructifs. » (Sadowski, 2012, par. 4).

L’attention

Le comportement problématique peut être un moyen d’attirer l’attention des parents, d’autres adultes en position d’autorité, des pairs, de la fratrie ou d’autres personnes. L’attention recherchée peut être de l’attention positive ou négative; en effet, l’attention négative est quand même de l’attention. Le comportement peut être une façon d’attirer l’attention sociale ou de provoquer une réaction désirée chez les autres (Cosgrave, 2016). Par exemple, une personne pourrait faire des singeries pour attirer l’attention de ses pairs et les faire rire. Une autre pourrait parler en classe par ennui et pour engager une conversation avec les pairs ou l’enseignante. Certaines personnes adoptent intentionnellement un comportement provocateur, car elles préfèrent être réprimandées plutôt qu’ignorées (Cooper et al. 2007).

Les personnes autistes peuvent manifester certains comportements pour communiquer un besoin ou un désir. Le comportement utilisé peut sembler provocant, car de nombreuses personnes autistes ont des difficultés de communication, que ce soit pour s’exprimer ou pour comprendre ce que l’autre dit, le langage corporel et les expressions du visage ou les règles sociales non explicites. Les personnes autistes peuvent avoir de la difficulté à se débrouiller dans les situations sociales en raison d’un manque d’habiletés sociales ou à cause de commentaires ou de comportements inappropriés, le tout dans un désir de participation à la situation sociale.

Certaines personnes autistes sont aussi très anxieuses, ce qui peut occasionner une réaction de confrontation, de fuite ou de paralysie (Raising Children Network, 2006-2016). (Voir la section « Confrontation, fuite, paralysie » du présent module.) Les personnes autistes peuvent avoir de la difficulté à exprimer verbalement leur anxiété, ce qui peut être perçu comme étant de l’agression, de l’évitement ou du mutisme.

La fuite

Le comportement peut être une façon d’éviter ou de fuir une situation indésirable; autrement dit : « Laissez-moi tranquille! » (Dunlap et al. 2010). Le comportement peut être une façon de mettre un frein aux conditions existantes de l’environnement (p. ex. en raison du bruit) ou de fuir une personne en particulier (Cipani et Schock, 2007). Les comportements de fuite sont souvent maintenus en raison de renforcements négatifs; il est donc approprié d’enseigner les comportements souhaitables pour que la personne soit en mesure de cesser les comportements indésirables. (Cipani et Schock, 2007). Par exemple, vous pouvez apprendre au participant à demander de faire une pause ou une tâche préférée.

Transitions : En raison de différences d’adaptation cognitive ou de traitement sensoriel, les personnes autistes peuvent avoir de la difficulté à aborder les transitions d’une activité vers une autre. Par conséquent, la raison d’être du comportement peut être d’éviter ou de reporter la transition d’une activité appréciée vers une autre, moins facile. En raison de difficultés de communication, une personne autiste pourrait ne pas comprendre qu’il est temps de passer d’une activité à une autre, ou encore, elle pourrait ne pas vouloir, tout simplement (Raising Children Network, 2006-2016).

Routines et rituels :  Les personnes autistes accordent beaucoup d’importance aux routines et aux environnements familiers. Si un changement soudain se produit pendant le programme, le participant pourrait se sentir très déstabilisé (Raising Children Network, 2006-2016).

Objets tangibles ou activités

Le comportement peut communiquer une demande pour un obtenir un objet (Dunlap et al. 2010) ou une activité (Cosgrave, 2016). Il est important d’enseigner la façon de demander un objet ou la participation à une activité de manière appropriée.

Renforcement automatique

Une personne peut manifester un comportement simplement parce qu’il est agréable et satisfait un besoin immédiat. Par exemple, une personne autiste peut avoir des comportements répétitifs ou de stimulation. La fonction de ces comportements peut être de dissiper un surplus d’énergie (anxiété ou enthousiasme), de se calmer ou de rechercher une sensation familière et agréable.

Autres considérations

Difficultés de traitement sensoriel : De nombreuses personnes autistes ont des difficultés de traitement sensoriel. Cela signifie qu’elles peuvent avoir de la difficulté à percevoir, à interpréter et à comprendre les influx sensoriels et à savoir comment y répondre. Ces difficultés peuvent porter sur les cinq sens liés aux stimuli externes : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher. De plus, elles peuvent être liées aux sens corporels, par exemple la proprioception et la kinesthésie (position et mouvement du corps), la perception vestibulaire (mouvement du corps et de la tête dans l’espace) et les sensations tactiles. Si vous croyez que certaines de ces difficultés sont présentes, abordez le sujet avec la personne autiste ou ses proches.

La réaction aux influx sensoriels peut être plus marquée que la norme (hypersensibilité) ou moins marquée (hyposensibilité). Une personne hypersensible aux stimuli, dans un environnement qui comporte beaucoup de stimulations sensorielles (lumière, mouvement, bruit, etc.), peut devenir agitée, distraite, anxieuse, dépassée, voire perdre ses capacités de fonctionnement. Par exemple, une personne pourrait être distraite par une étiquette de vêtement ou parce que sa chaise est inconfortable. Discutez avec le participant des stratégies d’adaptation qu’il a utilisées auparavant et qui lui ont été utiles. Par exemple, pendant sa pause, il pourrait se centrer et retrouver son calme en quittant le groupe pour s’éloigner du bruit et de l’activité et se rendre dans un lieu tranquille, aller faire une promenade ou écouter de la musique qui le détend.

La vidéo suivante (YouTube) illustre les difficultés de traitement sensoriel d’une jeune femme autiste :

Une personne hyposensible, ou qui réagit peu aux stimuli sensoriels, peut employer des comportements de stimulation sensorielle pour obtenir plus d’information sur son environnement. Par exemple, elle pourra sembler agitée et avoir besoin de pauses fréquentes pour faire des mouvements ou toucher fréquemment les objets ou les gens. Elle pourra aussi sembler fatiguée ou léthargique, ce qui peut indiquer un besoin de stimulation sensorielle. Dans ces situations, vous pourriez lui suggérer, par exemple, de se lever, de boire un verre d’eau ou de manipuler un jouet.

Habiletés motrices, sommeil et inconfort physique : Pour les personnes autistes, des comportements problématiques pourraient découler d’une frustration en raison des exigences de la tâche ou d’un dépassement de leur capacité de gérer l’environnement sensoriel. Par exemple, de nombreuses personnes autistes ont des difficultés de coordination motrice et d’apprentissage de nouvelles compétences motrices (planification motrice). On pourrait croire qu’il s’agit de paresse ou de refus de suivre les règles, alors qu’en fait, elles n’ont pas les habiletés de communication, le courage ou la conscience de soi nécessaires pour demander de l’aide. Les personnes autistes ont souvent des problèmes de sommeil, ce qui peut aussi affecter le comportement, par exemple en réduisant leur seuil de tolérance à la frustration, en causant des difficultés de concentration ou en réduisant leur niveau d’intérêt. Les inconforts physiques causés par les problèmes de traitement sensoriel ou par des problèmes de santé peuvent aussi être à la source de comportements problématiques. Discutez avec le participant ou ses proches des raisons expliquant un comportement, comme première étape en vue de trouver des solutions pour réduire ou prévenir le comportement à l’avenir s’il nuit au travail.

Intervention

Une fois qu’on a identifié la fonction d’un comportement problématique, on peut aider la personne à trouver des façons plus appropriées de satisfaire ses besoins. La première étape consiste à faire preuve de compréhension et d’empathie. « Il n’est pas utile de simplement mettre fin à un comportement problématique ou de réduire sa fréquence. Dans le cadre d’un plan d’intervention efficace, il faut enseigner à l’apprenant une nouvelle compétence ou un comportement de remplacement socialement acceptable qui a la même fonction que le comportement problématique. Le comportement de remplacement visé doit fonctionner de façon aussi efficace que le comportement problématique, ce qui rend ce dernier inadéquat pour répondre aux besoins de l’apprenant. » (Dunlap et al, 2010, p. 44-45). L’enseignement de compétences sociales, de méthodes de résolution de problèmes et de techniques de communication peut être aussi utile (Dunlap et al, 2010).